DIG/ Alors que le ministre du Pétrole et des Hydrocarbures, Pascal Houangni Ambouroue, avait annoncé, le 16 février 2018, avoir obtenu une rallonge financière de 500 000 euros, soit près de 328 millions de francs CFA, et un bonus de séparation, équivalent à neuf mois de salaires au profit des ex-employés, les récentes déclarations du directeur général de ‘ESS Gabon ont jeté, une fois de plus, la confusion sur l’issue définitif de conflit.
Outré par ces propos, le Conseiller en communication du ministre du Pétrole, Jean-Maurice Rassidinda, a annoncé dans un entretien accordé au quotidien « L’Union », que le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires permettant de faire régner l’ordre et la justice sociale.
L’interview intégrale
L’Union : Le ministre du Pétrole a été mandaté par les délégués du personnel de Ess Gabon pour faire la médiation dans le conflit qui les oppose à leur employeur . Mais les récentes déclarations du DG de ESS Gabon laissent planer un certain doute sur l’issue pourtant heureuse trouvée par le ministre concernant les indemnités du départ des 367 agents. Qu’en est-il exactement de la situation, deux semaines après l’intervention du ministre ?
Jean-Maurice Rassidinda : Merci pour le professionnalisme dont vous faites montre en venant à la source. Comme vous le savez, le ministre du Pétrole et des Hydrocarbures Pascal Houagni Amboutroue, a été sollicité par les délégués du personnel d’ESS à 80% (Rabi et Gamba) pour une facilitation dans le conflit qui les oppose à leur employeur. En effet, au terme des discussions du 16 Février 2018, il en ressort que le ministre a pu obtenir le paiement de 9 mois de salaire au profit des salariés au lieu de 6 mois comme arrêté au préalable par l’entreprise et ce, grâce à un mécanisme qui consolide la négociation menée préalablement par les salariés de ESS avec l’Onep. Par conséquent, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que la médiation du ministre du Pétrole et des Hydrocarbures a atteint ces objectifs comme ce fut le cas pour les entreprises (Shell, Maurel et Prom et Halliburton …) dont les employés l’avaient sollicité.
Pourtant dans une correspondance datant du 2 mars 2018, le Directeur général de ESS Gabon a annoncé la rupture immédiate du contrat avec ses employés alors que celui-ci courait jusqu’en juin 2018. Comment expliquez-vous cette situation et quelles pourraient en être les conséquences ?
Cela ne s’explique pas ! C’est la preuve que les dirigeants d’ESS sont irresponsables. En effet, ESS étant une société de droit gabonais, elle se doit de respecter les lois et règlements en vigueur sur le territoire national. Le fait d’avoir manqué à ses obligations, elle se met en porte à faux avec le ministère du Travail et celui de l’Economie. En outre, les conséquences de la rupture de ce contrat sont d’ordre civil et pénal. Civil, parce qu’il s’agit d’un contrat à durée déterminée, et pénal dans la mesure où la République gabonaise se réserve le droit d’initier toutes les procédures nécessaires et essentielles au respect de la conformité des droits des salariés.
Quelles sont alors les stratégies envisagées par le gouvernement pour régler définitivement ce conflit ?
Nous tenons à vous rappeler que trois sociétés du secteur du catering ont fui le Gabon de la même manière sous le prétexte de menaces orchestrées par l’Onep sans aucune preuve. ESS n’étant pas en reste, le ministère du Pétrole et des Hydrocarbure a envoyé une circulaire à l’ensemble des entreprises du domaine afin de les informer qu’à compter du 1 Mars 2018, 80% des entreprises qui opèrent dans ce secteur seront à 100% Gabonaise. Cette entreprise qui s’est inscrite dans une démarche de voyou doit comprendre que le Gabon n’est pas une République bananière, au même titre que les opérateurs économiques gabonais respectent les lois et règlements dans les Etats dans lesquelles ils opèrent. Le Gabon fera respecter la loi dans toute son entièreté. C’est dans ce sens qu’une délégation des ministères du Pétrole et du Travail se rendra auprès du groupe Compass dont ESS est une des filiales afin de leur rappeler ces principes de droit. Et leur signifier, qu’en cas de non résolution du problème à l’amiable, le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires permettant de faire régner l’ordre et la justice sociale. Autrement dit, l’engagement pris par ESS auprès des salariés et le gouvernement à travers le Ministère du Travail et celui du Pétrole a assuré le paiement de 6 mois de salaire a été violé. Cette violation équivaut à un manquement contractuel avec toutes les conséquences qui s’y attachent.