Entretien avec le directeur général de la Société de transformation agricole et de développement rural (Sotrader), Théophile Ogandaga.
Direct Infos Gabon : Au terme de cette année 2015, quel premier bilan tirez-vous de la mise en œuvre du programme Graine sur l’étendue du territoire ?
Théophile Ogandaga : C’est un bilan positif que nous enregistrons de cette première année de mise en œuvre du Programme GRAINE. En effet, le bilan d’étape présente des résultats à la fois satisfaisants et encourageants dans l’appui multiforme apporté par SOTRADER qui est chargée de la mise en œuvre du Programme GRAINE, aux nationaux engagés dans ledit programme. Ces résultats se mesurent en termes premièrement d’adhésions et de participation effectives des populations : nous comptons aujourd’hui plus de 13 000 participants alors que nous ne sommes déployés que dans 5 provinces sur les 9 que compte notre pays et que notre objectif était d’enregistré 18 000 participants au Programme GRAINE. C’est donc un engouement populaire que nous enregistrons ; Deuxièmement, de distribution des parcelles de terrain : 50 000 ha ont été identifiés pour être attribués aux membres des coopératives ; de nombre de personnes ayant reçu une formation : 54 compatriotes reçoivent depuis Août une formation sanctionnée par un diplôme en Malaisie ; et enfin des progrès réalisés dans le développement des plantations : plus de 600 ha de terrain ont été aménagés et préparés. Nous prévoyons une accélération de cette activité avec l’arrivée récente des machines délivrées par Caterpilar. Il faut également noter que nous avons commencé la phase de planting du manioc et que nous disposons déjà d’une dizaine d’hectares de manioc planté.
Le programme Graine vise-t-il uniquement l’autosuffisance alimentaire ou comporte-t-il également un volet industriel, notamment l’exportation, à terme, des surplus de production ?
Le Programme vise plusieurs objectifs dont les principaux sont comme vous l’avez dit : atteindre l’autosuffisance alimentaire et assurer la sécurité alimentaire du pays.
A ces objectifs, il faut noter que le Programme GRAINE a pour ambition de contribuer à relever significativement la part du PIB agricole dans le PIB total. Pour cela, la société SOTRADER compte diversifier ses activités afin de mieux intégrer et valoriser l’ensemble de la chaine de production et de commercialisation des produits alimentaires. Ceci nous amènera à développer des activités telles que la conservation, la transformation, le conditionnement et la distribution des produits agricoles et alimentaires. Ce sont des activités qui font appel à des technologies et qui présentent une dimension industrielle indéniable.
Pour ce qui concerne le surplus de production, celui-ci fera l’objet de transformation et les produits semi-finis ou finis obtenus à travers ce processus pourront être vendus sur les marchés locaux ou exportés à condition qu’ils soient compétitifs en termes de prix et de qualité.
Avez-vous prévu la mise en place de petites unités de transformation agricole ?
Nous pensons effectivement mettre en place des unités de transformation des produits agricoles. Par exemple, le manioc peut être transformé sous différentes formes pour obtenir de la farine, des cossettes séchées, du gari, de l’amidon, de la semoule et même de la bière. On peut également transformer la banane plantain pour produire de la farine, des chips, etc.
Vous avez fait l’acquisition en 2015 d’une cinquantaine de bulldozers sur les 475 commandés. Comment va s’organiser concrètement le travail avec les différentes coopératives ? De quelle manière allez-vous utiliser ces machines ?
La société SOTRADER est déployée pour le moment dans 5 provinces où elle dispose dans chacune d’entre elles d’une direction provinciale. Celle-ci fournit un appui aux coopératives agricoles de sa circonscription géographique pour la mise en œuvre de l’itinéraire technique et le suivi cultural, mais aussi pour la collecte et la commercialisation de la production. Cela veut dire que concrètement SOTRADER fournit directement ou indirectement les prestations suivantes qu’elle préfinance au bénéfice des coopératives : Légalisation des coopératives par la délivrance d’agréments ; Attribution de parcelles de terrain et délivrance de titres de propriété ; Formation ; Aménagement et préparation des plantations ; et Fourniture des intrants.
Les coopératives ne restent pas inactives. Elles interviennent notamment dans la phase de planting, d’entretien de la plantation et de récolte de la production.
Les machines que nous avons reçues sont déployées dans les différentes provinces pour être utilisées dans l’aménagement et la préparation des terrains.
Quelles sont les cultures identifiées qui seront mécanisées ?
Pour le moment, les cultures retenues en priorité sont la banane plantain, le manioc, la tomate et le piment pour ce qui concerne les cultures vivrières, tandis que pour les cultures de rente, la priorité a été donnée au palmier à huile, à l’hévéa, au café et au cacao. Pour le développement de ces différentes filières, nous utiliserons des machines autant que possible, par exemple dans l’aménagement et la préparation des terrains, afin de réduire notablement la pénibilité, de gagner en temps et d’optimiser les rendements.