DIG/ Réagissant à chaud dans le quotidien « L’Union », suite à la catastrophe au terminal pétrolier du Cap Lopez, l’ancien directeur général de l’Environnement et Expert en environnement et développement durable, Louis Léandre Ebobola Tsibah, appelle à une action urgente et concertée afin d’éviter « le pire ».
« Sincèrement, il faut être sur site pour mieux apprécier la situation. Toutefois, en se référant au communiqué officiel, les quantités avancées sont très importantes et ne peuvent que susciter de réelles inquiétudes, quant à la possibilité d’une pollution de très grande envergure.
A titre de comparaison, sans remonter trop loin le cours de l’histoire, les 50.000 m3 avancés sont largement au-dessus des 39.000 tonnes que transportait l’Erika en décembre 1999, avant de faire naufrage au large de la Bretagne en France. Nous avons encore en mémoire toutes les conséquences multiformes qui ont suivi cet accident.
Dès lors, si la totalité ou même la moitié de ce fioul lourd se retrouvait en mer, il est certain que nous pourrons, irrémédiablement vivre dans les prochaines semaines, la plus grande catastrophe écologique de ces trois dernières décennies intervenue dans le golfe de Guinée.
Pour le moment, nous en sommes encore assez loin, même s’il faut néanmoins envisager le pire. Pérenco a été assez efficace en prenant très vite les premières mesures appropriées, dans ce genre de situation.
Avec l’arrêt immédiat de la production, nous réduisons déjà la probabilité d’une perte de confinement plus importante. Autre chose, la quantité déversée ne peut correspondre aux capacités de stockage du bac endommagé. Dans l’immédiat, il faut déclencher le Plan d’Urgence National de lutte contre les déversements des hydrocarbures. On ne peut laisser l’opérateur économique agir tout seul, ça devient une question régalienne.
L’Union des pétroliers du Gabon (Upega) fera jouer ses accords mais le matériel localement disponible ne suffira jamais. Il faudra donc se tourner vers l’assistance internationale comme bien souvent lorsqu’intervient ce genre de sinistre.
Notre pays ayant ratifié les conventions internationales les plus pertinentes en la matière, notamment OPRC 90 de l’OMI, il conviendrait donc de faire jouer urgemment la coopération internationale. L’OSR et le Cèdre pourraient également arriver dans les prochains jours.
Les bases logistiques d’intervention rapide les plus proches se trouvent en Guinée-Equatoriale et au Nigeria. Il faut d’ores et déjà les activer. Pour l’heure il n’est point question de désigner les coupables. Il s’agit plutôt de réduire plus que jamais les risques d’une catastrophe écologique aux conséquences économiques et financières inestimables pour notre pays ».