Ramzi Zeineddine : « Le secteur de la puériculture est très peu développé au Gabon »

DIG/ A l’occasion de l’ouverture officielle de son deuxième magasin spécialisé dans la Puériculture à Batterie IV, le responsable, Ramzi Zeineddine, s’exprime sur son engagement dans ce secteur très peu exploité et ses difficultés.

Direct Infos Gabon : Faites nous une brève présentation de votre structure

Ramzi Zeineddine : La structure en elle-même s’appelle KING ARTHUR. Elle est spécialisée dans le domaine de la puériculture. Nous offrons tous ce qui est chambre à thème avec licence, jouets. Et on fait aussi dans les articles de bébés de la naissance jusqu’à l’âge de 11 ou 12 ans, voire bientôt 14 ans.

Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans le secteur de la puériculture ?

Alors c’est une très belle question sur laquelle j’aime répondre. Quand j’ai eu mon premier enfant qui s’appelle Arthur, j’étais à Port-Gentil. Je travaillais dans le secteur pétrolier et j’avais une centrale d’achat. A chaque fois que je recherchais un produit pour mon fils, un stérilisateur ou une chaise haute ou un produit puériculture, j’avais du mal à trouver un produit qui avait une bonne qualité et un bon prix. Soit je trouvais un produit de mauvaise qualité à un prix bas, soit un produit de bonne qualité mais extrêmement chère. J’ai commencé par importer via ma centrale d’achat les demandes que je ne trouvais ici. Par exemple, si j’avais besoin d’un siège auto, je le mettais dans mes groupages et je le ramenais. Je profitais pour en avoir au moins cinq. Dans le but d’en vendre quatre et garder un pour mon fils. Et ça été un élément déclencheur pour moi. Par la suite, j’ai recherché à travers les structures basées en Europe, et j’ai commencé à m’intéresser à cette activité. Parce qu’elle est certes existante mais pas professionnelle ni bien géré. Et KING ARTHUR parce que c’est à travers mon fils que j’ai eu cette idée.

Quels sont les prix pratiqués au sein de KING ARTHUR ? Sont-ils accessibles à tous ?

Les prix varient en fonction de la catégorie des produits. Il serait difficile de vous donner les prix de cette manière à part si vous ciblez la catégorie des produit. Car mon magasin détient près de 3000 références. J’offre la possibilité aux clients de négocier avec nous sur les prix et nous pouvons faire des remises si possibles. Et s’il arrive que les clients se rendent compte qu’un produit est plus cher chez nous qu’ailleurs, nous lui expliquons les raisons pour lesquelles nous le mettons à ce prix. Toutefois, j’arrive à vendre des produits européens qui respectent toutes les normes durables et que les clients peuvent acheter et garder pendant des années, réutiliser par la suite ou même revendre parce que les produits se gardent bien pour 15 ou 20% de différence avec les produits chinois que l’on trouve sur les marchés de la place.

D’où proviennent les articles que vous commercialisez au sein de votre magasin ?

On travaille notamment sur l’Europe. Par contre, ça peut être l’Allemagne, la Pologne, la France, l’Espagne, le Portugal, la Hollande. Nous avons une multitude de fournisseurs partout en Europe.

Quel est votre objectif financier ?

Alors ce n’est pas ma priorité. Ma priorité, c’est d’arriver à convaincre les banques que je suis solvable. Parce que jusqu’à ce jour, je travaille sur fonds propre. Je suis obligé de mettre un franc sur un franc, je ne me paye pas de salaires. Je réinjecte dans le stock depuis l’ouverture du magasin, parce que quand on se rapproche des banques pour développer nos structures, je pense que les banques n’ont pas une vision du commerce comme nous. Ils sont plus sur des contrats et des valeurs sûres. Nous sommes les seuls, nous opérateurs économiques PME PMI, à prendre des risques, et dès que nos affaires fonctionnent bien, c’est alors qu’elles se rapprochent de nous pour gérer notre portefeuille. Pour revenir, je tourne autour de 300 à 400 millions de chiffres d’affaires par an sur deux structures.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrées ?

Les difficultés sont vraiment nombreuses. Quand vous êtes chef d’entreprise, vous êtes en première ligne parce que fiscalement, pour le personnel, les fournisseurs, les clients et la marchandise, c’est vous. En fait, vous supportez tous ce que vous avez créés. L’un des premiers problèmes est tout ce qui est contrôle, hygiène, mairie. Je ne reproche pas méchamment à ces gens la manière d’exécuter leur travail. Mais je pense qu’au Gabon, il y a eu un laisser-aller à ce niveau. Quand je reçois des contrôleurs chez moi, ils sont très agressifs. Ils viennent déjà avec l’idée de coller des amendes. Quand je dialogue avec eux, je leur demande qu’avant de contrôler une nouvelle activité qui s’installe, il faut commencer par prendre connaissance de l’activité ; vérifier si nous sommes en règles ; nous  conseiller parce que les lois changent et nous ne sommes pas toujours informés. Et on ne peut être informé de tout se passe.

Pour échapper à la cherté des loyers au-delà d’une douane déjà imposante, j’ai ouvert une structure au quartier London. Mais le quartier London n’est pas approprié à cette nouvelle activité dont la cible reste les enfants. D’où mon choix de Batterie IV à cause de la présence des écoles et des parents d’élèves. Aussi, c’est dans ce quartier Batterie IV que j’ai réussi à négocier grâce à la crise un loyer convenable qui a été pratiquement divisé par deux. Et j’ai remercié la  crise, parce que grâce à elle, on peut encore trouver d’autres opportunités.

Que pensez-vous de l’environnement des affaires au Gabon en tant qu’opérateur économique ?

L’environnement des affaires est très faible. On n’arrive pas à laisser les gens s’exprimer dans leur activité. Soit vous êtes cotés en bourse et vous pouvez médiatiser comme vous voulez. Soit vous êtes obligés de trimer pour faire surface au niveau du marché. Je prends l’exemple de petites structures, même celles des quartiers, aujourd’hui la seule chose qui nous sauve, ce sont les réseaux sociaux dont facebook. En dehors de ça, si vous souhaitez poster une affiche, soit on vous colle une amende, soit vous êtes incapables de pouvoir la payer. Les imprimeries et la médiatisation sont chères. Tout est chère. Pourquoi ? Parce qu’on a quelques grosses structures comme les Total, Perenco, Moov, Airtel, qui ont des budgets colossaux. Et ces imprimeries qui s’installent ici privilégient ces grandes entreprises, tandis que les autres 2000, 4000 ou 10 000 entreprises qui souhaitent aussi bénéficier de ces services n’ont pas leur place. Pour cela je lance un appel pour dire qu’il y a de quoi faire dans ce pays. Il y a un gros marché qui n’est pas pris. Et en période de crise, les opportunités sont là.

Propos recueillis par Brice Gotoa et D.B.M

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La Redaction

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