DIG/ Dans sa version électronique du 10 janvier 2018, le journal « Le Monde » a fait des révélations fracassantes sur l’ homme d’affaires franco-algérien Alexandre Djouhri, arrêté le dimanche 7 janvier 2018 par la police britannique à l’aéroport de Londres-Heathrow.
L’homme d’affaires, détenteur d’un passeport gabonais, est activement recherché dans le cadre de l’enquête sur le financement libyen présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Il aurait abondamment offert ses services au Palais du bord de mer mais également à d’autres chefs d’Etats de la sous-région.
Morceaux choisis
« Habitué aux hôtels et résidences de luxe de Libreville, M. Djouhri veut croire que le président Ali Bongo, qui lui donne du « mon frère » depuis des années, ne le laissera pas tomber. Car, au cœur de ce pouvoir dynastique souvent accusé de pratiques corruptives, Alexandre Djouhri s’est toujours senti à l’aise. Il sait aussi pouvoir compter sur Frédéric Bongo, l’un de ses amis fidèles et demi-frère du chef de l’Etat. Le titre officiel de ce dernier est pompeux : directeur général des services spéciaux de la Garde républicaine. Ce saint-cyrien a la haute main sur le renseignement et la sécurité nationale. Lui et Alexandre Djouhri ont autrefois écumé les boîtes de nuit de Paris et de Londres.
D’ailleurs, « Fred » échangeait encore récemment avec celui qui se fait appeler « Monsieur Alexandre », alors que ce dernier était déjà recherché par la justice française, selon des sources proches des deux hommes. Au téléphone, ils aiment évoquer la politique française et la sécurité intérieure gabonaise. Frédéric Bongo partage ses doutes et ses envies, comme on peut le faire avec un grand frère. Il leur arrive de parler affaires, aussi, comme lorsque Djouhri lui demande d’organiser un rendez-vous avec le président. « Je sais comment augmenter le rendement sur le prix du baril […] C’est que bénef. C’est productif. Moi, quand je le vois, c’est pas contre-productif », s’était-il vanté, en mars 2013, au cours d’un appel intercepté par les enquêteurs.
Avant ce déplacement à Londres qui pourrait être la fin de sa cavale de luxe ou plutôt une étape, Alexandre Djouhri s’est fréquemment rendu dans la capitale britannique, et pas seulement pour retrouver ses filles qui y sont établies ainsi que son épouse, qui y réside une partie de l’année. Il y est aussi venu au chevet d’un autre personnage clé du pouvoir gabonais, Maixent Accrombessi, d’origine béninoise, soigné à Londres pour un AVC qui l’a foudroyé en août 2016 alors qu’il était le tout-puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo. Contactés, MM. Bongo, et Accrombessi n’ont pu être joints. En perte d’influence, ce dernier est désormais « haut représentant personnel du président de la République » et poursuivi en France pour « corruption passive d’agent public étranger ».
(Source : Le Monde)