DIG/ La task force sur la dette intérieure du Gabon a, dernièrement, fait une révélation pour le moins choquante, concernant le coût global des travaux de l’axe routier PK 5-PK 12. Lesquels auraient valu près de 65 milliards de francs.
Aux yeux de l’opinion, ces révélations sembleraient montrer une association compromettante entre Colas Gabon, l’entreprise adjudicataire, des responsables au sein de l’administration.
Est-ce un simple procès d’intention ou un fait avéré ?
L’interrogation, fondée, permet aujourd’hui, avec le recul, de s’apercevoir qu’il y a des non-dits dans ce dossier qui rappelle celui concernant Guido Santullo, décédé depuis quelques années.
Pour la parenthèse, de son vivant, l’homme d’affaires italo-français avait eu un conflit judiciaire avec l’État gabonais auquel il réclamait une dette due à des chantiers exécutés et préfinancés par lui, via son entreprise Sericom. L’on citera, entre autres, la réhabilitation du pont sur le Komo à Kango et celui sur la Banio à Mayumba, mais aussi la route Tchibanga-Mayumba exécutée à près de 80%, voire plus.
Accusés de « complicité » avec cette société, d’anciens hauts responsables du ministère des Travaux publics, dont l’ancien ministre Magloire Ngambia, ont été incarcérés à la prison centrale de Libreville. Certains y sont encore.
L’affaire divulguée, les experts de la task force sur la dette intérieure du Gabon évoque une surfacturation qui aurait eu lieu dans le projet de la route PK 5-PK 12. Nul doute qu’il faudrait retrouver les responsables, s’il y en a.
En attendant, il serait bon de rappeler que ce projet a été porté par l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI). Laquelle avait alors octroyé le marché à la société Colas Gabon dont la performance ne souffre d’aucune contestation, sur le plan technique.
Lancés en janvier 2016, lesdits travaux avaient reçu, en fin avril 2017, la visite du chef de l’État Ali Bongo Ondimba. Le numéro un gabonais était allé apprécier l’avancement de la phase de terrassement, en compagnie notamment des responsables de l’ANGTI dont il était le président du Conseil d’orientation. Une sorte de président du conseil d’administration.
Il faut également rappeler que le chantier était contrôlé de mains de maître par la super ANGTI qui comptait pourtant d’experts internationaux du cabinet américain Bechtel, avec l’assistance d’un bureau de contrôle de l’Afrique du nord.
De plus, il a été financé en partie par une banque de la sous-région qui regorge d’éminents spécialistes économistes de transport, ingénieurs en génie civil et autres experts financiers. Il y a lieu de se demander si tout ce monde n’a pas vu la « supercherie ».
Non-dits
Au nombre des non-dits, il y a le fait que cette route a été exécutée en 2X2 voies. Soit un total de 14 Km, avec des bandes de rive (accélération et décélération). Il y a également un terre-plein central avec dénivellations entre les points kilométriques (PK) 6 et 7. Ainsi que de gros terrassements et des purges avec des drains pour éviter la remontée des eaux sur la voie.
Ces opérations n’ont pas été les seules inscrites dans le marché et l’enveloppe globale. Il y a eu aussi, en effet, des déguerpissements et des indemnisations.
L’enveloppe a, par ailleurs, pris en compte, la construction de deux passerelles piétonnes en béton armé ; l’aménagement de trois carrefours giratoires (PK 8, hôpital militaire et PK 12); des feux tricolores synchronisés au carrefour dit Show-Show et à proximité du lycée Djoué-Dabany.
Mais aussi l’installation de l’éclairage public.
Autant de détails, pourtant non-dits, mais qui pourraient justifier le montant de 65 milliards de francs englouti pour la réalisation de cet ouvrage.