Par Edgard Mfouba
Entrepreneur et Expert en Modélisation Economique de Projets
« Alors que s’achève le forum économique France – Gabon à l’occasion de la visite officielle en France du Chef de l’Etat, Président de la Transition, M. Brice Clotaire Oligui Nguéma, nous saluons ses résultats diplomatiques et politiques, illustration d’une coopération séculaire entre nos pays. Cependant, ces succès, bien que positifs et caractéristiques de la politique économique contemporaine de la France en Afrique, restent éloignés de la réalité des masses populaires autrefois bénéficiaires d’une présence française tangible dans divers secteurs publics africains, aujourd’hui exsangues, qui expriment bruyamment leur désaffection, à l’égard de ce partenaire privilégié, dans les rues africaines. Cette tribune propose alors des pistes pour restaurer une relation authentique et bénéfique entre les deux peuples.
Historiquement, la France jouait un rôle crucial en Afrique francophone, avec des coopérants présents dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des infrastructures, et bien plus encore. Ces experts contribuaient à structurer les états africains et à soutenir leur développement. Aujourd’hui, cette époque a laissé place à une diplomatie de salon, marquée par des forums économiques réservés aux élites, engendrant la perte des liens de confiance avec les populations africaines.
La France, en se concentrant sur une coopération politique et militaire sans relais sociaux et culturels tangibles avec les peuples, a voué ses autres initiatives à des programmes cosmétiques ne répondant pas toujours aux besoins réels et immédiats des populations. Ainsi, le brassage autrefois observé entre français et africains dans les écoles, les commerces et les rues a disparu, créant une méfiance mutuelle alimentée par des préjugés médiatiques et intellectuels de tout bord. Cette coopération élitiste, ne parvenant pas à combler le vide et créer de la valeur au quotidien sur le terrain, a fini par exacerber le sentiment de désaffection envers la France.
Dès lors, pour restaurer cette amitié historique entre la France et l’Afrique, il apparaît crucial de s’investir dans des projets d’impact social et culturel par le biais d’experts et de professionnels sectoriels dans des secteurs clés tels que l’éducation, la santé, la modernisation de l’administration et la modernisation des infrastructures, etc. Il est aussi essentiel d’écouter les populations locales, de comprendre leurs besoins et d’y répondre par des actions concrètes et durables. De même que renforcer les échanges culturels et sociaux de proximité est également vital pour recréer des liens de confiance et de compréhension mutuelle.
En encourageant et promouvant les initiatives localement avec des programmes de transfert de compétences et de technologies, notamment avec des PME, permettra de stimuler l’économie locale et d’assurer un développement autonome et durable impactant. Aussi, une coopération des professionnels, des artisans, et des métiers plutôt qu’une coopération de salon et des élites doit se traduire par des actions concrètes dans l’économie réelle, celle du quotidien et du mieux-être, favorisant ainsi les partenariats entre les acteurs locaux et français, en valorisant les savoir-faire réciproques.
Réduite en peau de chagrin, l’expertise avérée de la France dans des domaines comme l’éducation, le digital, la recherche, l’industrie agroalimentaire, les transports, l’urbanisation, la modernisation des procédures administratives, l’artisanat, le sport, etc. doit être réhabilitée en collaboration avec les gouvernements pour contribuer au développement des pays africains et ainsi restaurer de manière significative le lien de confiance entre les peuples.
Ce lien indéfectible, qu’il est crucial de renouer, repose sur le partage de la langue française et l’existence d’une diaspora africaine dense, instruite, binationale et désireuse de progrès pour leurs pays d’origine. Cette diaspora représente un pont culturel et économique vital qui jouera un rôle dans la redéfinition de la coopération franco-africaine. C’est avec cette approche inclusive et respectueuse, basée sur une coopération des peuples, des professionnels et des métiers que pourra se raviver aisément l’amitié historique entre la France et les peuples africains ».