DIG/Selon les informations du magazine français L’Express dans sa parution du 17 juillet 2017, des membres du clan Bongo retarderaient le règlement de la succession de l’ancien chef de l’Etat Omar Bongo Ondimba, afin d’échapper à la justice dans l’enquête sur leur fastueux patrimoine bâti en France, accuse l’avocat de l’association Transparency International.
« Les principaux acteurs de cette succession, habilement conseillés, ont tout à fait compris l’intérêt qu’ils ont à prolonger indéfiniment les opérations de succession », estime, selon une source proche du dossier, Me William Bourdon, avocat de l’ONG anticorruption, dans une note transmise début juin aux juges d’instruction en charge de l’enquête dite des « biens mal acquis ».
Tant que la succession n’a pas abouti, « il est évidemment difficile d’envisager des poursuites » en France, ajoute l’avocat demandant aux magistrats de s’enquérir auprès des notaires mandatés pour la succession afin de connaître l’état d’avancement des opérations.
Depuis 2010, la justice française cherche à savoir si les fortunes de plusieurs familles présidentielles africaines, notamment celles d’Omar Bongo Ondimba et de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), ont pu être bâties en France grâce à des fonds publics détournés de leur pays.
L’enquête a débouché sur un premier procès, celui de Teodorin Obiang, fils du président de Guinée Equatoriale et actuel vice-président du pays, qui vient d’être jugé, en son absence, à Paris et sera fixé sur son sort le 27 octobre.
Dans le volet gabonais, deux personnes sont particulièrement visées, aux yeux de l’avocat : l’actuel président de la République, Ali Bongo, qui a succédé à son père à la mort de ce dernier en 2009, et Pascaline Bongo, une des filles de l’ex-chef de l’Etat, tous deux désignés comme légataires universels de leur père.
« Il est inexplicable que (Pascaline Bongo) n’ait jamais été interrogée sur le financement des biens compris dans la succession » et « sur l’origine des fonds ayant permis la constitution de son propre patrimoine », relève William Bourdon.
D’après l’enquête, cette dernière serait propriétaire de trois appartements à Paris, de plusieurs véhicules de luxe acquis en France et aurait acheté pour près d’1,38 million d’euros de montres et bijoux entre 2006 et 2007.
Les investigations ont aussi mis en lumière de possibles liens entre Ali Bongo et une société suisse Achimmob, notamment propriétaire d’un hôtel particulier situé avenue Hoch à Paris.
Aucun membre du clan Bongo n’est à ce jour mis en examen
Les juges ont saisi en 2016 une société civile immobilière, la SCI Émeraude, propriétaire d’une villa à Nice et d’un hôtel particulier à Paris, rue Dosnes (XVIe arrondissement). Omar Bongo, son épouse Edith, également décédée, et Pascaline Bongo, en ont détenu des parts et la gérante française de cette société a été mise en examen. Deux autres immeubles ont été saisis dans le VIIIe et XVIIe arrondissements de Paris.
D’après un document de 2009 de Transparency International France, la famille Bongo et ses proches possédaient à l’époque « 33 propriétés, la plupart dans les quartiers les plus chics de Paris, les autres sur la Côte d’Azur ».
Les actifs identifiés se monteraient à plusieurs centaines de millions d’euros, mais les contours de l’héritage d’Omar Bongo sont encore mal cernés.
(Source : L’Express)