Entretien exclusif : Les vertus incroyables de l’Iboga et ses retombées économiques pour le Gabon, selon Hervé Omva

DIG/ Le forum international qui sera organisé le 20 juillet 2020, précédé d’une rencontre nationale le 20 février 2020, sur la Tabernathe  iboga, plante omnisciente, au cœur des rites de la culture gabonaise place Hervé Omva « Voyageur », coordonnateur des programmes de l’ONG Initiatives développement recherche conseil (IDRC)- Africa, sous les feux des projecteurs.

Dans une interview exclusive accordée à Direct Infos Gabon (DIG) ’’Hervé Voyageur’’ explique le but de ce forum, les attentes mais aussi sa rencontre avec le célèbre arbuste et les raisons de son intérêt pour une plante qui pourrait révolutionner l’avenir des Gabonais en particulier et celui du monde en général. 

******************************

Direct Infos Gabon : Quel est l’intérêt d’organiser un forum international sur l’Iboga au Gabon ? 

Hervé Omva : Avant de répondre à votre question, permettez-moi de vous révéler que la Tabernathe Iboga est une plante dont le Gabon détient 80 % des ventes mondiales. Dans toutes nos traditions on l’appelle « Bois sacré ». C’est dire qu’il a un statut particulier. Il est au centre de la plupart des rites initiatiques pratiqués dans l’ensemble des provinces du Gabon, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.  

Dans ses mémoires, Haroun Tazieff (Ndlr :  Ingénieur agronome, géologue, volcanologue et écrivain de nationalité russe naturalisé belge puis français), faisait déjà état d’un médicament qu’il utilisait pour lutter contre la fatigue, dénommé le « Lambarène » qui tire son nom de Lambaréné, du Grand Blanc d’Albert Schweitzer. Ce médicament était produit à l’hôpital Schweitzer et fabriqué à base d’iboga. 

C’est un complément alimentaire qui permet de traiter de plusieurs maux tels que l’obésité, l’addiction aux drogues dures et à l’alcool. Il peut s’utiliser dans les cosmétiques ; c’est un anti-inflammatoire, un aphrodisiaque, aide-mémoire, lutte contre le vieillissement des tissus et traite bien d’autres pathologies dont Alzheimer. 

L’iboga est connu en Europe depuis la moitié des années 1880. De grands travaux existent sur cette plante et de nombreux chercheurs en détiennent des brevets alors qu’ils ne l’ont jamais vue, pour certains et pour d’autres, la plante prodige est totalement méconnue dans leur pays. A mon avis, l’iboga est un « diamant » que les ancêtres nous ont légué mais qui ne nous profite véritablement pas ! 

C’est pour cela qu’en tant que partenaires du développement, nous avons pensé qu’il est important de mener une réflexion sur le plan national dès le 20 février 2020 et ensuite sur le plan international, six mois plus tard, sous la très haute autorité du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba, pour faire découvrir à ceux qui travaillent sur l’iboga ou qui en détiennent des brevets, ainsi qu’à ceux qui en consomment sans en connaître les réelles vertus, que le peuple gabonais maîtrise l’utilisation de l’iboga. Le forum de Libreville sera un carrefour de partage, de découverte, de valorisation, afin de montrer aux investisseurs que la terre du Gabon abrite l’iboga et son peuple le maitrise. Désormais ils pourront se le procurer en toute légalité, avec une traçabilité contrôlable.   

DIG : Quelles sont vos attentes, sinon celles des plus hautes autorités gabonaises à l’issue de ce forum ?

HO: Notre objectif est de valoriser la plante et d’en tirer le meilleur profit. La médecine évolue tellement vite aujourd’hui qu’on a besoin d’être plus proche de la matière. On peut en tirer des savoirs pour mettre sur le marché des médicaments à la portée de toutes les bourses. Aussi, dans le cadre de la diversification de l’économie l’iboga peut contribuer de manière significative, quand on voit les coûts de la matière brute, comparée aux coûts des molécules à l’international.

C’est une manne importante capable de nous permettre de développer une économie puissante et contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations quand on sait que le Gabon est l’un des premiers pays signataires du protocole de Nagoya qui protège les savoirs ancestraux. Grace à l’implémentation du protocole de Nagoya, les populations qui vont cultiver l’iboga pourraient bénéficier des retombées économiques directes afin d’améliorer leurs conditions de vie.

Mais l’iboga nous permet, sur le plan politique, de participer à de grands échanges ; notamment aux forums scientifiques internationaux. Sa conservation, ainsi que sa domestication réduiront l’impact de l’iboga sauvage et contribuera au maintien de la couverture végétale, conformément au pilier du Gabon Vert, cher à la plus haute autorité du pays.  

La domestication de l’iboga sera le début d’une véritable économie tirée de sa vente ou de sa transformation.

DIG : Depuis 2015, le chef de l’Etat a lancé un vaste chantier de revalorisation de la pratique agricole incluant la création d’emplois dans le secteur primaire à travers le programme Graine. Quel lien pourrait-on établir entre ce programme et l’ibogaculture ? 

HO : Comme je venais de le dire il y a un instant, la domestication de l’iboga permettra aux « ibogaculteurs » de vivre des rentes de cette culture. Mais en amont et grâce à la banque de données que nous avons mise en place, nous pourrons distribuer des semences d’iboga aux populations, notamment dans le cadre du programme Graine. Nous avons déjà pris attache avec les responsables de la société de transformation agricole et de développement rural (Sotrader) afin que la culture de l’iboga soit incluse dans la liste des produits phares de la première phase de Graine. L’iboga peut peut-être planté en association avec d’autres cultures et sa maturité intervient à partir de la 4e ou la 5e année.

Vous savez comme moi que ceux qui en revendent hors du Gabon tirent jusqu’à 1 million de FCFA par pied alors que le gabonais n’en reçoit que 5 000 !

DIG : Qui est Hervé Omva et qu’est-ce qui fait que ce soit lui qui soit au cœur de la valorisation de l’iboga aujourd’hui ? 

HO : Je suis un fils du Gabon, agronome, féru de la nature et respectueux de nos cultures. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de faire la « rencontre » de l’iboga ; plante pour laquelle j’avais plein d’à priori. 

Il y a plusieurs années, le professeur Henri Paul Bourobou m’a invité à rencontrer son père spirituel, Lecelebremoueny. Au cours d’une cérémonie initiatique au « Village des ancêtres et de toutes les tribus », le père spirituel Moueny m’a invité à prendre un peu d’iboga pour ne pas somnoler durant la veillée. C’est donc grâce à ce visionnaire que je découvre l’iboga, plante au centre des rites initiatiques gabonais et, il va me faire voyager et me permettre de me découvrir. C’est aussi à ce moment que j’ai découvert que c’était l’arbre de la connaissance ; capable d’enseigner, de ramener dans le passé, dans le présent et dans futur. Je me suis donc inscrit à l’école de Lecelebremoueny avec un encadrement du professeur Bourobou.  

Pour Lecelebremoueny, il n’était plus question que l’iboga soit utilisé à l’état sauvage ; il fallait le domestiquer et c’est la mission qu’il m’a confiée. J’ai rencontré le premier ministre de l’époque, Jean-François Ntoutoume Emane qui, au cours d’un Conseil des ministres, va prendre la décision de faire l’iboga « patrimoine national ».

Pendant des années, j’ai essayé en vain de séduire les décideurs. J’ai attendu 14 ans avant de rencontrer un homme d’affaires proche du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba. Après avoir échangé avec le président, celui-ci nous a encouragés à poursuivre le processus de domestication. Grâce à son attention, j’ai bénéficié d’une petite subvention qui m’a permis de mettre en place la première véritable plantation d’iboga au Gabon, dans la province du Woleu Ntem, en achetant des plants dans l’Estuaire, le Moyen Ogooué et la Nyanga.  

Séduit par le travail accompli, ce partenaire décide de m’accompagner dans le processus, avec la bénédiction du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba à qui je rends un hommage mérité. A César ce qui lui est dû !

A ce jour, IDRC-Africa a déjà pu mettre en place une parcelle de plus de 19 000 pieds sur plus 5 hectares et ne compte pas s’arrêter là.  

DIG : Direct Infos vous remercie 

HO : C’est moi qui vous remercie pour l’opportunité que votre média m’a offerte !

Propos recueillis à Akanda par Cyriaque  NGOMA

 

 

apropos de l auteur

La Redaction

Laisser un commentaire