Direct Infos Gabon : Dans son adresse à la Nation, le président de la république a annoncé la création d’un fonds d’initiatives départementales. Sauf cette que cette dépense n’est pas inscrite dans la Loi de finances 2018? Dans un tel contexte économique difficile, où allez-vous trouver, Mr le Ministre, les 50 milliards de FCFA annoncés en 2018 pour financer ce programme ?
Régis Immongault : Je tiens tout d’abord à saluer la vision du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, qui a pris la décision, à l’occasion de son adresse à la nation, de créer le Fonds d’Initiatives Départementales (FID). Le Chef de l’Etat vient ainsi donner un nouveau souffle à la politique mise en œuvre par le Gouvernement pour un développement intégral de nos départements.
Ce fonds est destiné au financement de projets communautaires pour améliorer les conditions de vie des populations dans chaque département. Ceci afin de participer de manière plus efficace au développement économique du pays à partir des unités territoriales de base. Il importe d’indiquer que ce projet traduit la volonté des plus hautes autorités à s’inscrire dans la dynamique de la décentralisation en général et de la loi 21/2005 portant orientation de la stratégie de développement local en particulier.
Il convient de rappeler que le Plan de Relance de l’Economie (PRE) adopté et validé par le Gouvernement, prévoit la création d’un Fonds d’Investissement Provincial (FIP). Un projet de décret portant création du FIP avait déjà été initié. Aussi, le FID vient préciser et remplacer ce dernier qui a bénéficié d’une inscription budgétaire au titre de l’exercice budgétaire écoulé et dans la loi de finances 2018 de 18 milliards de FCFA, soit un total de 36 milliards de FCFA. Ce niveau de ressources devrait permettre un démarrage rapide du FID sur le début de l’année 2018. Les 12 milliards complémentaires nécessaires résulteront d’un réaménagement dans les lignes budgétaires existantes.
Les Ministres en charge de l’Intérieur, celui en charge du Budget et moi-même nous attelons à finaliser le cadre réglementaire de fonctionnement du FID qui devra prévoir de mettre autour de la table les représentants des différentes entités impliquées (collectivités locales, Administration centrale,…) pour un échange constructif et efficace. Ce cadre organique doit allier souplesse, célérité et intégrer des préoccupations de bonne gouvernance.
On imagine qu’il faut un cadre réglementaire pour le FID, la mise à disposition des fonds…Tout ce processus prendra du temps. Quel délai d’exécution de ce projet en 2018 (en tenant compte de l’impératif politique des législatives) ?
Ce projet ne rentre pas dans le cadre d’une quelconque échéance électorale. Il s’agit de rapprocher le développement économique des populations. C’est un projet au bénéfice des gabonais et non de partis politiques. Les instructions données par le Chef de l’Etat sont de faire diligence dans la mise en œuvre de ladite initiative.
Le Gabon a une expérience des projets communautaires pas toujours réussis: FNAS, Art Gold Gabon, Fêtes tournantes… Quels garde-fous pour ne pas tomber dans les erreurs du passé?
Contrairement à vos affirmations et à l’exception des fêtes tournantes dont les insuffisances ont été pointées du doigt, les autres projets que vous venez de citer ne sont pas des échecs et il y a lieu de restituer chacun dans son contexte. En particulier, le FNAS fonctionne malgré le contexte économique difficile actuel qui a fortement impacté à la baisse le volume des ressources affectées à ce fonds.L’Appui aux Réseaux Territoriaux pour la Gouvernance Locale et le Développement (Art-GOLD) a pour but l’accompagnement du niveau national dans le pilotage stratégique du développement local et le renforcement des capacités des collectivités locales à promouvoir un développement durable ainsi qu’une modernisation du mode de fonctionnement de ces collectivités locales. Ainsi, ce projet cofinancé par le Gabon avec le PNUD est à la fin de la deuxième phase articulée autour de trois axes stratégiques qui permettront d’apporter les changements transformationnels en cohérence avec le PSGE.
Il ne s’agira pas de mettre à la disposition des départements, des ressources publiques, sans aucun contrôle. Le dispositif de gestion du FID devra s’enrichir des expériences passées et intégrer la nécessité du contrôle et de la responsabilité des différents acteurs.
Le don ne responsabilise pas les bénéficiaires. Les crédits aux bénéficiaires sera t-il suivi de remboursements? Si oui, quel peut être l’intérêt, les secteurs prioritaires à encourager?
A ce stade et à ma connaissance, le FID ne prévoit pas d’accorder des crédits aux particuliers ou de se substituer aux structures de financement tel que le FNAS ou les établissements de microfinance et de crédit.