DIG/ Le Fonds monétaire international (FMI) a appelé le 9 mai 2017 les pays d’Afrique subsaharienne à prendre d’urgence des mesures vigoureuses pour stimuler la croissance dans la région. Selon le dernier rapport de l’institution sur les Perspectives économiques régionales, intitulé Faire redémarrer la croissance, la croissance en Afrique subsaharienne dans son ensemble est tombée à 1,4 % en 2016, soit le taux le plus bas depuis 20 ans, et devrait s’accélérer de manière modeste en 2017, à 2,6 %, bien qu’un certain nombre de pays, surtout en Afrique de l’Est et de l’Ouest, continuent d’enregistrer une croissance vigoureuse.
« Les perspectives globalement médiocres s’expliquent en partie par un ajustement insuffisant des politiques économiques », a déclaré Abebe Aemro Sélassié, Directeur du Département Afrique du FMI.
«Le retard observé dans l’exécution des ajustements indispensables crée de l’incertitude, freine l’investissement et risque d’engendrer des problèmes encore plus importants à l’avenir. L’ajustement dans les pays riches en ressources naturelles a été retardé. En particulier, les pays exportateurs de pétrole tels que l’Angola, le Nigéria et les pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), ont encore des difficultés à faire face aux pertes de recettes budgétaires et aux pressions sur leur balance des paiements, trois ans environ après la baisse des prix du pétrole. Des sources de vulnérabilité apparaissent aussi dans beaucoup de pays pauvres en ressources naturelles. Si ces pays ont généralement maintenu une croissance vigoureuse, leur déficit budgétaire est élevé depuis plusieurs années, car leurs gouvernements ont cherché à juste titre à s’attaquer aux déficits dans le domaine social et dans les infrastructures. En conséquence, leurs amortisseurs budgétaires et extérieurs diminuent et leur dette publique est en hausse », a t-il poursuivi.
À terme, M. Sélassié fait état d’une reprise modeste de la croissance, de 1,4 % en 2016 à 2,6 % en 2017, notant que cela placera à peine l’Afrique subsaharienne sur une trajectoire de hausse du revenu par habitant. Le redressement sera porté principalement par des facteurs ponctuels dans les trois plus grands pays, à savoir un redressement de la production pétrolière au Nigéria, une augmentation des dépenses publiques en Angola et une diminution des effets de freinage de la sécheresse en Afrique du Sud. Mais pour les autres pays, les perspectives restent exposées à des incertitudes considérables, notamment une nouvelle appréciation du dollar américain, un durcissement des conditions de financement à l’échelle mondiale, surtout pour les pays dont les paramètres économiques fondamentaux se sont détériorés. De plus, M. Sélassié note que les perspectives sont encore assombries par la sécheresse, les infestations parasitaires et les problèmes de sécurité qui ont contribué à une augmentation de l’insécurité alimentaire et même à une famine dans certaines parties de l’Afrique subsaharienne.
Assainissement* Au vu de ce qui précède, M. Sélassié a souligné qu’il est urgent de prendre des mesures vigoureuses pour faire redémarrer la croissance là où elle faiblit et préserver la dynamique existante ailleurs. Si le rétablissement de la stabilité macroéconomique est une condition préalable, il doit être complété par des réformes structurelles à l’appui du rééquilibrage et par des mesures qui renforcent la protection sociale des groupes les plus vulnérables.
Pour les pays qui ont été les plus durement touchés, un assainissement vigoureux des finances publiques est nécessaire, en accordant une grande importance à la mobilisation des recettes. En outre, là où c’est possible, un assouplissement du taux de change et l’élimination des restrictions de change seront importants pour absorber le choc en partie. Pour les pays où la croissance reste vigoureuse, il est nécessaire de s’attaquer aux sources de vulnérabilité qui apparaissent en s’appuyant sur des bases solides, notamment en réorientant la politique budgétaire pour procéder à un assainissement graduel des finances publiques, a souligné M. Sélassié.
M. Sélassié a aussi répété que l’Afrique subsaharienne reste une région qui dispose d’un potentiel de croissance considérable à moyen terme, à condition que des mesures internes vigoureuses soient mises en œuvre.