DIG/ Selon Louis Léandre Ebobola TSIBAH, Expert environnement et développement durable, coach RSE, la gestion des déchets urbains au Gabon devient une question dont la maitrise échappe aux pouvoirs publics.
Les cinq interrogations préjudicielles ci-dessous et les constats faits devraient déboucher, estime l’ancien directeur général de l’Envionnement, sur quelques esquisses de solutions durables.
Qui organise ? Il impératif de mettre un terme à la cacophonie institutionnelle qui règne désormais entre la Présidence de la République à travers le Haut-Commissariat à l’Environnement et au Cadre de Vie, le Ministère de l’Environnement avec la Direction Générale de l’Environnement et de la Protection de la Nature puis le Ministère de l’Intérieur avec la Direction Générale de l’Assistance aux Municipalités et les collectivités locales. Parfois dépourvues d’expertise réelle, mais se réclamant d’une préséance régulière, toutes ces administrations se vampirisent quotidiennement. A ce jour, il n’existe aucune législation ou réglementation spécifique à la gestion des déchets en République Gabonaise. En effet, bien que le code l’environnement, attribue au ministre de l’environnement la conception des politiques publiques ainsi que les pouvoirs de police en matières de gestion des déchets, cette loi ne fixe que les aspects généraux. Il en va de même pour le décret n° 000451/PR/MEFEPEPN réglementant l’élimination des déchets, qui demeure générique en la matière. La loi n° 001/2014 relative à la décentralisation reconnait aux collectivités locales des initiatives en matière de lutte contre l’insalubrité. A défaut de mutualiser les efforts, il conviendrait au moins que chacun reste dans sa zone de confort.
Qui contrôle ? Bien que la mise en place d’un cadre légal soit une condition nécessaire afin de maîtriser la gestion des déchets, il faut pouvoir en garantir l’application effective. Mais face à la sempiternelle confusion institutionnelle, il est nécessaire de disposer d’une administration indépendante, disposant de moyens financiers suffisants pour remplir cette mission. Celle-ci servirait de bras séculier à l’Etat. Sans se substituer aux collectivités locales et sans aucun pouvoir de police, en plus des missions de conseil technique, elle serait très active dans l’élaboration des cahiers de charges pour la construction des ouvrages, des plans d’élimination et les autorisations de négoces des déchets et autres. Ces missions très importantes mais non rémunérés semblent malheureusement dépourvus d’intérêt.
Qui collecte ? Une ou plusieurs entreprises en fonction de leurs capacités opérationnelles peuvent se voir attribuer la collecte des déchets. La logistique utilisée absorbe des frais de fonctionnement journaliers importants et demandent un entretien régulier, afin de garantir la pérennité du matériel. Il est tout aussi indispensable de trouver un compromis efficace pour les quartiers sous-intégrés, en mettant en place un réseau complémentaire de petites unités de pré collecte. Ce déploiement fait l’objet d’un schéma directeur que tous les prestataires dévolus à la collecte doivent avoir la parfaite maitrise. Par conséquent, la performance ne devrait plus être évaluée sur la seule base du volume collecté, mais davantage par l’état de propreté de la ville.
Qui gère ? L’ensemble des opérations qui concourent à gestion des déchets nécessite une grande rigueur dans les méthodes utilisées, afin d’en réduire au maximum les nuisances. Idéalement, le secteur privé doit gérer les activités, tandis que le secteur public les contrôle et les rétribue. Cependant, toutes les précautions contractuelles devraient être prises, afin que les structures privées remplissent leur rôle de manière professionnelle et honnête, sous peine de contraintes financières et juridiques.
Qui finance ? La gestion des déchets est une opération très onéreuse. Aussi, les subventions de l’Etat souvent peu significatives et irrégulièrement versées ne suffisent-elles pas à asseoir une réelle politique de gestion de déchets à long terme. Il faut plutôt disposer des garanties financières durables pour conduire à bien la gestion de déchets. Or, il est évident que les difficultés de l’Etat affectent cruellement la qualité du service et les performances de collecte. Dès lors, il convient d’édifier des mécanismes transparents et efficaces, pour que les activités menées soient régulièrement financées sans interruption, avec les fonds dédiés.
« Face aux onéreux plans d’urgence, cette approche méthodologique devrait d’apporter des solutions durables à la gestion des déchets dans nos villes », indique l’expert gabonais.