L’agence de notation américaine Moody’s a placé le 4 mars 2016 sous revue les notes souveraines du Gabon, de l’Angola et du Nigéria afin notamment d’évaluer l’impact de la chute des prix du pétrole sur leurs indicateurs économiques et d’étudier les réponses apportées par les pouvoirs publics, rapporte le site Jeune Afrique.
L’Angola (noté Ba2), le Gabon (Ba3) et le Nigeria (Ba3) font partie des douze pays producteurs de pétrole, indique le média panafricain, dont l’agence Moody’s a placé les notes souveraines sous examen avec possibilité de les réviser à la baisse, aux côtés de géants tels que l’Arabie saoudite et la Russie. Le Congo-Brazzaville a vu lui sa note dégradée d’un cran, de Ba3 à B1, et placée également sous surveillance négative.
Dans une série de communiqués publiés le vendredi 4 mars, l’agence de notation base cette décision sur deux points : premièrement l’impact qu’a eu la chute du prix du pétrole sur les finances publiques, les réserves extérieures et les comptes externes de ces pays, et deuxièmement sur les effets à attendre d’un pétrole bas sur ces indicateurs, alors que le baril de brut s’échange autour de 30 dollars, loin des 100 dollars enregistrés mi-2014 et bien en dessous du cours moyen de 50 dollars de 2015.
Moody’s rappelle le poids du pétrole dans ces économies : 67 % des recettes publiques et 97 % des exportations en Angola, 32 % des recettes publiques consolidées et 65 % des exportations au Gabon, et 40 % des recettes publiques consolidées et 90 % des exportations du Nigeria. « En raison de la rupture structurelle entre l’offre et la demande de pétrole, nous pensons que les prix du pétrole devraient rester faibles pendant une période prolongée, avertit Moody’s qui parie sur un baril de 33 dollars en 2016, 38 dollars en 2017 avant une remontée à 48 dollars à l’horizon 2019.
La chute du prix de l’or noir a durement affecté les économies des pays pétroliers africains notés par Moody’s. L’agence de notation estime par exemple qu’en pourcentage du PIB, les recettes du Gabon ont chuté de 4,5 points entre 2013 et 2015, celles du Nigeria de 4,3 points, tandis que celles de l’Angola reculaient de 16 points.
La situation fiscale de ces pays s’est elle aussi détériorée. Le Gabon est ainsi passé d’un excédent budgétaire de +1,8 % du PIB en 2013 à un déficit de -2,2 % en 2015. L’Angola a enregistré un déficit public de -2 % du PIB l’an dernier, contre un excédent de + 3% en 2013. Au Nigeria, le déficit s’est aggravé durant cette période, passant de -2,3 % à -4,2 %.
En plaçant les notations de ces pays sous surveillance négative, l’agence de notation se donne le temps de « mesurer l’ampleur de l’impact d’un autre recul du prix du pétrole sur la performance économique et les comptes publics » de ces pays, et d’ »évaluer la crédibilité et la viabilité des programmes publics et de leur capacité à atténuer l’impact du prix du pétrole ».
Moody’s craint en effet de nouvelles détériorations des indicateurs macroéconomiques de ces pays. Si aucun changement de politique économique n’intervient, les revenus publics de l’Angola devraient baisser de 27 %, tandis que le déficit public et la dette s’aggraveraient respectivement de 7 points et 6 points de pourcentage durant les quatre prochaines années, avertit Moody’s. De la même façon, l’agence de notation craint une augmentation de la dette du Gabon (+12 points de pourcentage du PIB) et du Nigeria (+ 7,5 points) d’ici 2018.
Aussi, l’agence américaine entend, durant les deux prochains mois, examiner les politiques publiques mises en place dans ces différents pays, qu’il s’agisse des réductions de dépenses et de l’élargissement de l’assiette fiscale promises par les autorités angolaises, de la modernisation de la TVA et de la libéralisation des prix des carburants attendues au Gabon ou de la réforme des entreprises pétrolières publiques au Nigeria. Si l’examen de ces politiques publiques s’avère insatisfaisant, l’agence pourrait abaisser les notes de ces pays d’un cran.