DIG/ Interrogé par Jeune Afrique, Raphaël Ntoutoume Nkoghe, le président de la Haute autorité de la communication, explique les raisons qui ont motivé la suspension de la diffusion de la chaîne publique française au Gabon, qu’il accuse « d’acharnement ». Extraits.
Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous eu la main aussi lourde contre France 2 pour avoir rediffusé un documentaire ?
Raphaël Ntoutoume Nkoghe : Ce n’est pas un documentaire, tant il est à charge. Ce film relève davantage du pamphlet que du travail journalistique. Il s’inscrit dans une veine tristement classique : le « Gabon Bashing ». Certains médias hexagonaux ne peuvent, semble-t-il, couvrir notre pays qu’en le couvrant d’opprobre. Il est dommage qu’ils s’échinent à voir la réalité telle qu’ils voudraient qu’elle soit plutôt que telle qu’elle est. Heureusement, on parle de médias marginaux. Ils tentent d’occuper une niche médiatique qui se réduit peu à peu. Ce faisant, ils passent à côté des nombreuses dynamiques et des évolutions profondes que connaît notre pays.
Que reprochez-vous exactement à ce reportage ?
Le film est émaillé d’approximations et repose sur des témoignages qui sont tout sauf neutres. Sous couvert de dénoncer la Françafrique, on donne la parole à l’un des personnages qui l’a le mieux incarnée [RObert Bourgi, ndlr]. En termes de sérieux et de rigueur, sans doute eût-il été possible de faire mieux.
Il ne s’agissait pourtant que d’une rediffusion…
On peut s’interroger sur les motivations de ceux qui ont décidé non seulement de reprogrammer ce documentaire et de le faire, qui plus est, à la veille de la fête nationale. En l’espèce, on peut clairement parler d’acharnement de la part de France 2, qui ne se contente pas d’une rediffusion mais de deux en l’espace de quelques jours à peine. La première est intervenue le 16 août, une seconde est prévue le 31 août. Rares sont les pays à avoir fait l’objet d’un tel traitement…
Pourquoi n’avoir pas sanctionné la chaîne dès la première diffusion ?
Il se trouve qu’à l’époque, le régulateur qu’était le Conseil national de la communication n’était pas juridiquement outillé pour agir. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui avec la HAC.
(Source : Jeune Afrique)