La Chronique
de
Jérémie Ayong Nkodjie Obame*
« Le pétrole ne peut plus être considéré comme une garantie éternelle de prospérité. Ce vendredi matin, le Brent s’établit à 68,5 $ le baril et le WTI à 66,5 $, à peine un dollar de plus que la semaine précédente. Une hausse timide qui traduit une nervosité persistante des marchés, entre l’accord sur le nucléaire iranien et la discipline vacillante de l’OPEP+. De plus, nombre d’analystes – Goldman Sachs en tête – envisagent désormais un prix moyen du baril autour de 60 $ dans les années à venir. Pour le Gabon, cette réalité impose d’anticiper un futur où l’or noir ne sera plus le seul pilier de l’économie.
Le pétrole sous pression : entre géopolitique et transitions
Le léger rebond du Brent illustre bien la fragilité d’un marché où chaque soubresaut diplomatique a des répercussions immédiates. L’éventuel retour du brut iranien sur les marchés, à la faveur des discussions nucléaires, pourrait accentuer la pression sur les prix. Parallèlement, l’OPEP peine à maintenir une cohésion parfaite entre ses membres, ce qui nourrit l’incertitude.
Pour un pays comme le Gabon, la leçon est claire : continuer à exploiter le pétrole tant qu’il reste une ressource stratégique, mais préparer dès maintenant l’après-pétrole.
Cap sur les eaux profondes et les minerais stratégiques
C’est dans ce contexte que le Gabon a lancé une ambitieuse campagne d’exploration en eaux profondes pour maintenir sa production. Mais le pays ne mise pas uniquement sur l’or noir. Ses ressources minières – manganèse, fer, or et autres métaux stratégiques – constituent des atouts majeurs dans un monde en pleine transition énergétique. À l’heure de l’électrification de l’économie et de la décarbonation de l’énergie, ces ressources, souvent qualifiées de « pétrole du XXIᵉ siècle », pourraient devenir le moteur d’une nouvelle phase de croissance.
Diversification, valeur ajoutée et emplois : la clé d’une croissance inclusive
Le défi pour le Gabon ne réside pas seulement dans l’extraction de ses ressources, mais dans leur transformation locale pour créer davantage de valeur ajoutée. Après le bois, dont la transformation sur place a été encouragée, le gouvernement s’oriente vers une stratégie similaire pour le manganèse et les autres minerais.
L’objectif est double : dynamiser la croissance et la rendre plus inclusive. Car la création d’emplois reste le meilleur moyen de redistribuer la richesse et de garantir une prospérité partagée.
Tremplin plutôt que béquilles
Le pétrole et les mines ne doivent pas devenir des béquilles qui entretiennent la dépendance, mais des tremplins pour bâtir une économie diversifiée, compétitive et créatrice d’emplois. C’est à ce prix que la croissance gabonaise pourra s’inscrire dans la durée et bénéficier à tous ».
- Jérémie AYONG NKODJIE OBAME est un dirigeant d’entreprise dans le secteur pétrolier.
- Titulaire d’un Master II en marketing opérationnel (ISEG Lille), il a évolué au sein de plusieurs structures de référence : auditeur chez Alex Stewart International, responsable des ventes chez Total Marketing Gabon, puis directeur général adjoint chargé des hydrocarbures à la Caistab, avant d’occuper des fonctions de direction à la SOGARA et chez Gabon Oil Marketing.
- En 2024, il crée un cabinet d’expertise dédié au secteur pétrolier et Gazier.